À l’approche de l’élection présidentielle camerounaise d’octobre 2025, le nom d’Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya retient de plus en plus l’attention. Avocate de formation, ancienne députée et actuelle maire de Foumban, elle est la seule femme en lice parmi les candidats. Une candidature qui prend une dimension particulière dans un pays où les femmes représentent plus de la moitié de la population, mais où elles ont longtemps été écartées des plus hautes sphères du pouvoir.
En tournée européenne pour aller à la rencontre des Camerounais de l’étranger, Patricia Tomaïno Ndam Njoya a fait une halte remarquée en Belgique. Devant une salle rassemblant la diaspora venue de différents horizons, elle a présenté son programme politique, avant de répondre directement aux questions lors d’une conférence de presse. L’exercice, jugé inédit par certains observateurs, a permis à la candidate de mettre en avant son ambition d’associer la diaspora non seulement au scrutin présidentiel, mais aussi à toutes les autres élections : législatives, municipales, régionales ou sénatoriales.
« La diaspora ne doit pas seulement voter pour l’élection présidentielle, mais aussi pour le Parlement, les conseillers municipaux et régionaux », a-t-elle insisté, rappelant que les Camerounais vivant hors du pays restent des citoyens à part entière. Pour elle, il est urgent de lever les obstacles administratifs qui freinent encore la participation, qu’il s’agisse de l’accès aux consulats ou des complications liées aux inscriptions sur les listes électorales. Elle propose, dans cette optique, d’instaurer un vote électronique ou par courrier, afin de garantir une participation large et transparente.
Le message a trouvé un écho favorable auprès d’une partie de la diaspora, qui voit en elle une figure porteuse d’espoir. « Elle n’est pas uniquement la candidate du Cameroun, mais la candidate de l’Afrique », souligne Bety Aïchatou Habibou Oumani, qui met en avant sa proximité avec le terrain et sa légitimité acquise dans ses fonctions d’élue locale. Ce soutien dépasse d’ailleurs les frontières, puisque Patricia Tomaïno Ndam Njoya peut également compter sur l’appui de Marie-Louise Eteki-Otabela, la première femme candidate à une présidentielle camerounaise en 2004, ainsi que de Chantal Kambiwa du Front Camerounais. Pour ces pionnières, soutenir une femme en 2025 est un acte politique fort, après soixante-cinq ans de présidences masculines.
Au-delà de la question du genre, son programme met l’accent sur la bonne gouvernance, la transparence électorale et la lutte contre la corruption. Elle promet notamment d’attribuer des ministères stratégiques aux femmes et d’initier un nouveau Code de la famille qui corrigerait les inégalités encore présentes dans les textes officiels. Sa vision économique s’appuie sur le développement de filières comme l’agriculture et le café, secteur dans lequel elle est elle-même active, et sur le soutien à l’entrepreneuriat local.
L’arrêt de sa tournée en Belgique illustre une volonté claire : intégrer la diaspora au cœur du projet de société qu’elle défend. Pour Patricia Tomaïno Ndam Njoya, les Camerounais de l’étranger ne doivent pas se limiter aux transferts financiers qui soutiennent déjà l’économie nationale. Ils doivent aussi avoir une voix dans la construction politique et institutionnelle du pays. « La diaspora devrait être présente au niveau de ces assemblées locales et au Parlement, pour apporter son expérience de façon concrète », a-t-elle martelé.
Dans un Cameroun en quête de renouvellement, sa candidature s’inscrit dans une dynamique historique. Et elle soulève une question de fond : après soixante-cinq ans d’hommes à la tête du pays, le moment n’est-il pas venu de confier le flambeau à une femme ?
